Henri Bonneau : Une légende !
Derrière ce domaine se cache un homme, un vrai paysan, au sens noble
du terme. Un homme qui travaille dans un dédale de vieux foudres et de tonneaux patinés par les années.
Au milieu de ce décor, on découvre un homme simple, vêtu de sa salopette, taiseux et méfiant : Henri Bonneau. Malheureusement, il nous a quittés le 21 mars 2016.
Au fil de ses dernières années, affaibli par l’âge et les épreuves, Henri Bonneau avait confié à Daniel Combin la commercialisation de ses vins.
Depuis, Daniel s’efforce de ne rien changer, poursuivant humblement le travail d’Henri, dans le plus pur respect de son esprit et de son savoir-faire.
Certes, on ne retrouvera sans doute jamais des vins au caractère aussi unique, mais on peut espérer que le domaine continuera à faire rayonner cette signature intemporelle.
Henri Bonneau incarnait à la perfection le vigneron-paysan, avec ce savant mélange de rusticité apparente mais avec une intelligence remarquable, souvent teintée d’un humour piquant.C’était aussi un homme de convictions fortes, rarement “politiquement correctes” à l’image d’un Jacques Reynaud.
Qu’il s’agisse des élevages ou des mises en bouteilles, rien ici ne répond à une quelconque logique financière ni aux canons de l’œnologie moderne. Les cuvées sont produites en quantité très limitée et particulièrement difficiles à se procurer mais….
Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de rencontrer ce Monsieur. En revanche, je peux vous dire que nous sommes toujours très bien reçus au domaine : l’accueil y est chaleureux, empreint d’une belle générosité et d’une réelle envie de continuer à partager son histoire.
Domaine Henri Bonneau : Son origine
Une famille de vignerons enracinée dans le terroir
Le Domaine Henri Bonneau appartient à une famille installée à Châteauneuf-du-Pape depuis le XVIIᵉ siècle. Douze générations de viticulteurs se sont succédé sur ces magnifiques coteaux de galets roulés, emblématiques de l’appelation.
Henri Bonneau, né en 1938, se forme auprès de ses parents dès 1961 au domaine familial. Guidé par un profond respect pour le sol et les traditions, il a perpétué un style de vinification authentique, refusant les modes et la standardisation. Ses vins rouges sont devenus mythiques, célébrés pour leur structure tannique maitrisées et une complexité aromatique incomparable.
Un vigneron d’exception au service de son terroir
Henri Bonneau ne cherchait pas la gloire, mais la justesse. Il parlait de ses vins comme d’êtres vivants, capables d’émotion. Il vinifiait peu, seulement 6 hectares environ, privilégiant la qualité à la quantité. Ce perfectionnisme, allié à une vision presque intuitive du vignoble, a fait de lui une légende dans l’univers des “grands crus” du Rhône.
Les terroirs et les cépages du Domaine Henri Bonneau
1 - Des coteaux d’exception baignés de soleil
Le domaine s’étend sur quelques-uns des meilleurs crus de Châteauneuf-du-Pape : La Crau (qui est lieu vraiment magique et apaisant), Grand Pierre, et d’autres parcelles aux sols de calcaires, d’argiles et de galets. Ces coteaux exposés plein sud bénéficient d’un ensoleillement généreux et du mistral, garantissant une maturité parfaite des raisins.L’appellation Châteauneuf-du-Pape, c’est une belle diversité de terroirs et des vignerons passionnés. Si ça vous intéresse, vous pouvez découvrir toutes les infos sur l’appellation juste ici.
2 - Des cépages nobles et expressifs
Le cépage roi ici, c’est le grenache, qui compose jusqu’à 90 % des assemblages. Il est parfois complété par le mourvèdre, la counoise ou le vaccarèse. Ce choix révèle un attachement à la tradition et à la singularité du terroir.
Ces cépages apportent une vrai richesse aromatique, des tanins soyeux. Ils offrent au vin des arômes de fruits rouges et de fruits noirs (cerise, mûre, cassis) mêlés à des notes épicées et légèrement boisées.
3 - Une vinification artisanale et patiente
Au domaine, la vinification reste un art. Les vendanges sont manuelles, les grappes triées avec soin. Henri Bonneau n’utilisait pas d’éraflage : les raisins fermentaient entiers dans des cuves. La macération durait plusieurs semaines pour extraire couleur, tanins et arômes.
L’élevage, ensuite, se fait lentement dans des barriques en chêne, pendant plusieurs années en fonction des cuvées. Ce long vieillissement confère aux vins leur complexité aromatique, leur finesse et leur aptitude exceptionnelle au vieillissement.
Les cuvées emblématiques du Domaine Henri Bonneau
Réserve des Célestins : le sommet absolu
C’est la cuvée mythique du domaine, produite uniquement lors des grands millésimes. La Réserve des Célestins symbolise tout le savoir-faire de la maison : un vin rouge dense, concentré, aux tanins nobles et à la structure tannique remarquable. Son bouquet mêle fruits noirs, réglisse, garrigue et notes florales.
En bouche, la puissance laisse place à une rondeur sensuelle et à une profondeur rare, digne des meilleurs vins de garde du Rhône.
Marie Beurrier : l’élégance et l’équilibre
La cuvée Marie Beurrier offre un style plus accessible à la dégustation, tout en restant fidèle à la signature Bonneau. C’est un vin rouge ample, fruité et aromatique, dominé par le grenache et marqué par des notes de fruits rouges et de sous-bois.
Elle séduit par sa texture soyeuse et sa longueur en bouche exceptionnelle!! Certains sommeliers la comparent à des grands crus de Bourgogne.
Les Rouliers : le charme des vins du Rhône authentiques
Cette cuvée plus confidentielle, classée en vin de France, est issue de vieilles vignes situées dans le Gard. Elle révèle un caractère rustique et généreux, un vrai hommage aux vins du sud : fruités, épicés, et d’une sincérité désarmante.
La dégustation des vins du Domaine Henri Bonneau
Température, carafage et service
Ces vins rouges méritent de la patience. Servez-les autour de 15 °C pour préserver leur fraîcheur et leur équilibre. Les jeunes millésimes peuvent être carafés 2 à 3 heures avant la dégustation : cela libère leur bouquet et assouplit les tanins.
Les millésimes plus anciens, eux, se suffisent à eux-mêmes : une ouverture douce, un verre evasé, et la magie opère.
Accords mets et vins : l’alliance du caractère et de la finesse
Les vins du Domaine Henri Bonneau se marient à merveille avec des plats généreux : viandes rouges, gibiers, fromages affinés, voire des plats provençaux. Leurs arômes de fruits rouges, leurs touches épicées et leur rondeur s’accordent aussi très bien avec un agneau rôti ou un boeuf en sauce.
C’est un vin de table noble, mais surtout un vin d’émotion, à partager avec respect et curiosité.
Potentiel de garde et évolution
Grâce à leur équilibre entre tanins, acidité et fruit, ces vins sont de véritables vins de garde. Certains millésimes atteignent leur apogée après 20 ou 30 ans de vieillissement, des fois même plus!! Les vins rouges développent alors des arômes tertiaires : cuir, truffe, sous-bois, et fruits confits.
Une conservation en cave, à température stable autour de 12°C, avec 70°C d‘hygrométrie permet de préserver les vins sereinement dans le temps.
Pourquoi le Domaine Henri Bonneau reste une référence absolue
Le Domaine Henri Bonneau, c’est bien plus qu’un producteur de vin. C’est un symbole de persévérance, de fidélité au terroir et de passion transmise de génération en génération.
Dans un verre de Bonneau, on goûte la chaleur des Côtes du Rhône, la sincérité d’un homme et l’âme d’un vignoble légendaire.
Ces vins rouges, profonds, tanniques et magnifiquement aromatiques, incarnent la quintessence d’une appellation d’origine contrôlée où le mot « tradition » prend tout son sens.
Si vous croisez une bouteille signée Henri Bonneau, prenez le temps de la contempler, de la respirer, puis de la savourer : vous tenez entre vos mains une part de l’histoire viticole française.
Merci d’avoir lu cette article, vous pouvez retrouver l’ensemble de mes articles juste ICI